POUR LES BEAUX YEUX DE GLOBULETTE
Comme je vous l’expliquais dans mon dernier article, notre belle Globulette a perdu un œil. Attention, celui-ci est toujours en bonne place mais vitreux, si bien que ma petite compagne est dorénavant borgne. Durant les premiers temps de cette perte si brutale et si inexplicable de son œil, ma petite amie a sombré dans un abime de tristesse. Je ne vous ai pas caché que je redoutais qu’elle ne se laisse mourir car il devait y avoir un déséquilibre dans sa vision et elle était comme perdue, d’autant que son autre œil était un peu bizarre. Heureusement, avec Armelle et Yves nous l’avons encouragée, aidée, entourée, elle s’est sentie tellement aimée qu’elle a retrouvé son entrain, sa vivacité, au point qu’elle ne cesse plus de faire de magnifiques baisers à bulles. Elle monte à la surface dans un bel élan, aspire un peu d’air et redescend en faisant une dizaine de magnifiques bulles sous les applaudissements de notre public toujours enthousiaste, en signe de reconnaissance à notre égard … Ces attentions constantes ont contribué à la requinquer et aujourd’hui vous ne pourriez jamais croire qu’elle a un œil handicapé, oui, sérieusement handicapé. Aussi, pour mémoire, je tiens à évoquer sa coquetterie d’antan, lorsqu’elle passait de longs moments à maquiller ses yeux avec art, comme le font beaucoup de femmes. Elle disposait pour cela d’une palette de couleurs dont elle jouait avec un goût très sûr, parfois un rien provoquant et qui m’ébaudissait. J’étais dans la plus totale admiration. Il y eut la période où elle ne craignait pas d’oser un rouge ardent, une autre où elle cédait au romantisme des tons gris et bleuté, ce que je préférais, mais de quelque ton qu’elle usât, elle était toujours sublime. Et croyez-moi elle l’est encore… Aussi je me sens consolé.
En derviche tourneur, je vous fais une suite de virevoltes légères et guillerettes et vous dis à bientôt.
NAUTILIUS