LORSQUE GLOBULETTE JOUE LES FEMMES FATALES
Chers Amis,
Je n’ai aucune raison de vous cacher que Globulette a la folie des grandeurs ou, plus exactement, ce que vous appelleriez une propension à céder au bling-bling. Après avoir souffert d’être maigrichonne (pour la raison que je vous ai expliquée), lui est venue l’idée de changer d’apparence. Chez vous, elle aurait fait la fortune des chirurgiens esthétiques et des salons de beauté ; chez nous, ce fut plus simple, elle a passé un pacte secret avec une reine-fée, pas l’une de vos fées Clochette, mais une sirène aquatique dont les pouvoirs ne sont plus à démontrer et qui, parfois, ont entraîné au fond des eaux vos marins égarés.
Oui, Globulette désirait devenir un véritable canon et elle y est parvenue. Au début, je restais stupéfié par sa lente transformation. Alors que je la trouvais adorable depuis que, bien nourrie, elle avait gagné en rondeur et offrait à mes yeux, déjà extasiés, une jolie robe pourpre, voilà qu’elle se mettait à se dévêtir par longs pans d’écailles et proposait un patchwork assez original de rouge et de blanc qui me rendait perplexe. Vous rappelez-vous que votre Cendrillon ou votre Peau d’Ane souhaitait une robe couleur de lune… Nenni, chez Globulette, qui préférait une parure couleur d’aurore avec des reflets argentés comme il arrive à l’eau de se parer au lever du soleil. Et jour après jour, je l’ai vue acquérir cette apparence de rêve, cet éclat incomparable qui transformait ma petite télescope en princesse des eaux aurorales. (Chut, Armelle me souffle ces jolis mots). Le résultat est sublime. Passés les quelques moments ingrats, Globulette étincelle de charme. Ses yeux, maquillés avec soin, lui confèrent un regard de séductrice qui m’affole tandis que ses voiles ne cessent de s’allonger et forment une traîne plaisamment striée de fils de couleur.
Pour les yeux, il lui arrive de changer assez souvent son maquillage ; vous connaissez les femmes, ma petite compagne ne déroge pas à ce penchant à la séduction et en accentue volontiers le dessin selon son humeur. Quant à moi, je reste le même. Armelle et Yves m’assurent que je suis beau, que je n’aie plus la bouche en accent circonflexe, ni un œil plus haut que l’autre, que mes voiles sont souples et légers et que, somme toute, face à mon incomparable star, je peux me vanter d’être un beau gosse.
A bientôt mes amis. Globulette se joint à moi pour vous envoyer des bulles pleines de notre sympathie, tandis que je vous donne rendez-vous très prochainement pour un nouveau récit.
NAUTILIUS